COVID-19: conséquences sur la santé mentale de l’enfant et l’adolescent

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Au moins un enfant sur sept – soit 332 millions de personnes dans le monde – vit depuis au moins neuf mois, depuis le début de la pandémie de COVID-19, dans un foyer où les politiques nationales de maintien à domicile sont obligatoires ou recommandées, ce qui met en danger leur santé mentale et leur bien-être, a mis en garde UNICEF, en se basant sur les données de l’Oxford COVID-19 Government Response Tracker.

Alors que la pandémie entre dans sa deuxième année, l’impact sur la santé mentale et le bien-être psychosocial des enfants et des adolescents se fait sentir. En Amérique latine et dans les Caraïbes, un récent sondage U-Report d’UNICEF auprès des jeunes a généré plus de 8000 réponses et a révélé que plus d’un quart d’entre eux avaient connu l’anxiété et 15% la dépression.

Pour les enfants victimes de violence, de négligence ou de maltraitance à la maison, les enfermements ont laissé beaucoup d’entre eux dans la détresse avec les agresseurs et sans le soutien des enseignants, de la famille élargie et des communautés.

La santé mentale des enfants doit être une priorité

Selon l’OMS, la pandémie COVID-19 a perturbé ou interrompu des services de santé mentale essentiels dans 93% des pays du monde, alors que la demande de soutien en matière de santé mentale est en augmentation. 

Une étude menée dans 194 villes de Chine a révélé que 16% des personnes interrogées ont fait état de symptômes dépressifs modérés à graves pendant la pandémie, et 28% de symptômes d’anxiété modérés à graves.

En réponse à cette situation, UNICEF aide les gouvernements et les organisations partenaires à établir des priorités et à adapter les services destinés aux enfants. Par exemple, au Kazakhstan, UNICEF a lancé une plateforme de services de conseils individuels en ligne pour les enfants, ainsi qu’une formation à distance dans les écoles pour les spécialistes de la santé mentale. En Chine, UNICEF et la société de médias sociaux Kuaishou ont lancé un défi en ligne pour aider à réduire l’anxiété chez les enfants.

Dans le courant de l’année, UNICEF consacrera son rapport phare biennal, «La situation des enfants dans le monde», à la santé mentale des enfants et des adolescents, afin de mieux faire connaître ce défi mondial et de proposer des solutions, et d’encourager les gouvernements à accorder une plus grande attention à cette question.

Extrait de https://www.google.fr/amp/s/www.unicef.fr/article/covid-19-la-sante-mentale-et-le-bien-etre-des-enfants-en-danger%3famp

Photo Charlotte Lapalus

 

L’article Conséquences psychiatriques de la pandémie de la Covid 19 chez l’enfant et l’adolescent, de M. Gindt, A. Fernandez, M. Battistaa, et F. Askenazy, présente un état des lieux des recherches actuelles en fonction de trois facteurs : la crainte liée à la pandémie, les séquelles psychiques du confinement et les risques de traumatismes cumulatifs.

Jiao et al., à l’aide d’un questionnaire en ligne, ont montré que les enfants et adolescents (320 enfants âgés de 3 à 18 ans) mis en quarantaine souffraient de détresse psychologique, comme l’inquiétude (68,59 %), l’impuissance (66,11 %) et la peur (61,98 %). Parmi les symptômes les plus fréquemment cités par les enfants et les adolescents pendant la quarantaine, on retrouve : le « collage » aux parents (37 %), l’inattention (33 %), l’irritabilité (32 %), l’inquiétude (28 %) et les comportements obsessionnels (27 %). Les autres symptômes comprennent la peur de la mort d’un proche (22 %), les troubles du sommeil (22 %), le manque d’appétit (18 %), la fatigue (17 %), les cauchemars (14 %) et l’inconfort/agitation (13 %). Une enquête en ligne menée aux États-Unis (n = 137) a révélé que 40,1 % des parents ont déclaré avoir observé des signes de détresse chez leurs enfants. Les signaux d’alerte évoqués par les parents sont : les mauvaises conduites (35 % des enfants), l’anxiété et le stress (24 % des enfants), l’isolement social (23 % des enfants) et la dépression (20 % des enfants). Les pathologies psychiatriques pouvant apparaître dans les suites du confinement sont : la dépression (43,7 %), le trouble de stress post-traumatique (TSPT) (30 %), le trouble de l’adaptation (16,7 %) et le deuil pathologique (16,7 %). Concernant les troubles anxieux, l’étude de Duan, et al. indique, à l’aide de la Spence Child Anxiety Scale (SCAS) un niveau élevé d’anxiété chez les enfants (moyenne = 21,68, ET = 25,88) et les adolescents (moyenne = 25,56, ET = 19,32). Chez les enfants, on retrouve une forte anxiété de séparation (moyenne = 4,4 ; ET = 3,3) et la peur des blessures physiques (moyenne = 3,93 ; ET = 2,76). Chez les adolescents, des troubles paniques (moyenne = 4,25 ; ET = 5) et de l’anxiété généralisée (moyenne = 4,61 ; ET =3,49) sont observés. Enfin, pour les deux groupes d’âge, le score pour les phobies sociales est important (enfant : moyenne = 4,15 ; ET = 3,24 et adolescent : moyenne = 5,60 ; ET = 4,03). Il apparaît que les symptômes dépressifs et anxieux sont corrélés au temps de confinement, avec des taux plus élevés lorsque le confinement dépasse 10 jours.

Ces différents symptômes peuvent s’expliquer par plusieurs facteurs dont le changement de mode de vie, par la réduction des échanges sociaux et par l’exposition répétée aux médias et aux informations. La fermeture des écoles, le manque d’activité en plein air, les habitudes alimentaires et de sommeil aberrantes sont susceptibles de perturber le mode de vie habituel des enfants et peuvent potentiellement favoriser la monotonie, la détresse, l’impatience, la gêne et diverses manifestations psychiatriques. Par ailleurs, la détresse des parents et/ou tuteurs de l’enfant pendant la crise sanitaire et le confinement était corrélée avec l’augmentation des problèmes psychologiques et psychiatriques des jeunes enfants.

Pour autant, certains chercheurs rappellent que le confinement a également pu apporter des bienfaits aux enfants et aux familles. Une diminution du stress quotidien, une modification des routines familiales, une diminution des pressions scolaires et sociales ou encore une réduction des conflits entre pairs ont été notés. Ces changements ont permis pour certains enfants de réduire certains symptômes et d’améliorer leurs sentiments de bien-être. Une des pistes évoquées afin d’aider les enfants et les adolescents lors des confinements renvoient au maintien des activités physiques. En effet, Alves et al. ont montré que les enfants pratiquant une activité physique pendant le confinement avaient un niveau d’anxiété et de stress plus faible que ceux ayant une diminution des activités physiques.

Pour résumer, les mesures de quarantaine chez les enfants peuvent générer des sentiments négatifs intenses. Les périodes de confinement sont sources d’anxiété et de stress pouvant conduire à des pathologies psychiatriques comme la dépression ou le stress post-traumatisme.

Les traumatismes cumulatifs

Pour de nombreux enfants, la pandémie actuelle entraîne des risques de traumatismes cumulatifs. Il est bien connu que la réponse d’un enfant à une situation de crise dépend de son exposition antérieure à des événements traumatiques. En effet, les traumatismes cumulatifs augmentent le risque de développer une pathologie, surtout lorsque les événements traumatiques sont vécus dans l’enfance.

De nombreux parents doivent faire face à des difficultés financières en lien avec la pandémie actuelle ou sont extrêmement stressés par les mesures sanitaires au travail, en particulier le télétravail. Les études réalisées sur les pandémies passées (par exemple épidémie H1N1) mettent en évidence que les effets cumulatifs du stress des parents et de la crainte de tomber malade augmentent le risque de traumatisme secondaire chez l’enfant. Par ailleurs, les enfants ayant perdu un proche pendant la pandémie de la Covid 19 doivent retenir toute notre attention afin de pouvoir bénéficier d’une prise en charge adaptée pour éviter de développer des conséquences psychiatriques (TSPT, deuil pathologique ou traumatique, épisode dépressif caractérisé). Ces prises en charge doivent être reconnues dans le cadre de deuils dans des conditions traumatiques et surtout de traumatisme collectif. D’une manière similaire, les enfants étant séparés de leurs parents du fait d’une quarantaine pour eux ou pour leurs parents sont également à risque de développer des états de stress aigu et par la suite un TSPT.

Enfin, il a été constaté que les incidents de violence domestique et de maltraitance d’enfants étaient en augmentation pendant le confinement. Cette dernière observation est corroborée par les retours cliniques de terrain et doit retenir toute notre attention. Plusieurs facteurs sont impliqués dans l’augmentation des violences domestiques et des maltraitances. Cohen & Bosk évoquent les difficultés financières, le stress et l’anxiété liés à la pandémie, de potentielles interactions familiales négatives, mais aussi un accès limité aux ressources sanitaires et juridiques. En effet, de nombreux services (protection à l’enfance, éducateurs, assistants sociaux) ont diminué les visites à domicile et les visites médiatisées, du fait de la Covid 19. D’une manière similaire, la fermeture des écoles a également isolée les enfants. Dans une revue de littérature récente, Peterman et al. identifient plusieurs facteurs impliqués dans l’augmentation de la violence à l’encontre des femmes et des enfants en temps de pandémie. Les crises sanitaires génèrent une insécurité économique pouvant entraîner un stress intense en lien avec les risques de pauvreté, ceci se traduit souvent par une augmentation de l’agressivité et de la nervosité pouvant conduire à de la violence. Les mesures de confinement ou de quarantaine découlant des pandémies isolent socialement les individus vulnérables. Ce facteur est bien souvent associé à une difficulté pour les victimes d’accéder à des premiers secours, qui sont généralement réduits et/ou saturés en période de pandémie. Enfin Peterman et al. alertent sur les risques d’exploitations (traite des êtres humains, exploitations sexuelles, mariage forcé) pouvant découler du décès soudain des parents et/ou de l’époux.

Extrait de l’article https://www.elsevier.com/fr-fr/connect/psy/consequences-psychiatriques-de-la-pandemie-de-la-covid-19-chez-lenfant-et-ladolescent.

 

 

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